Notre Dame de Confession est sculptée
dans un bois de noyer, tige jeune et vigoureuse; tige attachée à
une souche mère beaucoup plus ancienne.
Le tout forme un seul bloc de bois, qui, vu de l'intérieur, comme le permet l'excavation du dos de la statue, nous renseigne sur sa qualité et sa structure originelle. |
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Elle est entièrement polychromée.
La tunique de la Vierge est verte parsemée d'étoiles d'or,
des niellures arrivent à former à l'endroit du cœur, une
grande et belle fleur, avec sa tige caractéristique. Le manteau
est vert foncé. Des étoiles d'or à six raies sont
semées avec abondance. Le voile a dû être blanc. L'Enfant-Jésus,
assis sur ses genoux est revêtu d'une tunique verte et or, la fleur
à la place du cœur n'est plus perceptible. Il tient le monde, dans
sa main gauche, la droite est levée, dans un geste de bénédiction.
La sculpture de la chevelure est très serrée, les pieds sont
nus. L'œuvre mesure, socle compris, 1,02m.
Depuis des siècles, dans les cryptes, exposée à la vénération des fidèles, Notre Dame de Confession n'échappa point à la haine des révolutionnaires. En effet, en 1799, après avoir dépouillé l'Abbaye, s'ils ne brisèrent pas la statue, ce fut par crainte de la piété populaire.
La Gazette du Midi, dans un numéro du 2 février 1837, retrace la suite des événements:
"Quand Hébert et Chaumette mettaient l'athéisme à l'ordre du jour, on pilla et ferma les églises. Le trésor de Saint-Victor fut volé, mais l'on ne toucha pas à la statue. M. Gaillard, officier municipal, la fit enlever et cacher chez lui où elle demeura jusqu'au moment où les thermidoriens laissèrent ouvrir quelques églises. Alors, M. Gaillard déclara aux membres de la commission du culte le dépôt qu'il avait chez lui. Il offrit de le faire porter à la Major, pour la fête de la Purification, à condition que l'image lui serait rendue aussitôt après l'octave, pour la replacer plus tard à Saint-Victor, qui était alors un magasin de fourrages.
On accepta la proposition; et la statue demeura exposée, pendant cette octave, dans l'église de la Major.
"Mais, après ces huit jours, M. Gaillard eut beau la réclamer, on ne voulut pas la lui rendre, sous prétexte qu'elle ne pouvait pas appartenir à un particulier. M. Gaillard dénonça le fait au receveur des Domaines qui déclara la statue propriété nationale, s'en empara et la fit mettre sous séquestre.
"Elle fut plus tard vendue aux enchères et adjugée à M. Laforêt, officier municipal qui l'offrit pour être exposée dans une chapelle. La Vierge Noire fut successivement placée dans diverses églises, au Bernardines, à la chapelle Saint-Roch, rue Sainte, et enfin à Saint Jérôme, aujourd'hui Saint Charles.
C'est de là qu'elle lut portée solennellement à Saint-Victor le 20 mai 1804, fête de la Pentecôte et placée dans l'Église supérieure, la chapelle inférieure ayant été entièrement dévastée. Sa restauration n'eut lieu que sous l'épiscopat de Mgr. de Bausset, archevêque d'Aix, le 2 Février 1822. Ce ne fut que ce jour-là que la statue lut réintégrée sur l'autel où on la voit encore.
A ce récit, j'ai le plaisir de pouvoir ajouter une note écrite de la main de M. Clapiers, nommé recteur de Saint-Victor, à la réouverture de cette église :
"1804, le 19 mai, réconciliation de Saint-Victor, à quatre heures après-midi. Le lendemain, 20, jour de la Pentecôte, on y a célébré le service divin. Le commissaire général de la police, le secrétaire général, le commandant de la place et le maire du midi ont assisté à la grand-messe. Le soir, nous sommes allés chercher avec la grosse pluie, la statue de la Sainte Vierge qui était à Saint Jérôme (Actuellement l'Église Saint Charles, rue Grignan) et nous l'avons portée processionnellement à Saint-Victor."
Quelques chroniqueurs ont parlé d'une autre statue en argent et qui était aussi dans la chapelle de Notre Dame de Confession. Etait-elle la reproduction de la Vierge antique ? Le texte qui indique la donation ne le lait nullement supposer, et Kothen, dont les affirmations sont toujours si exactes, nous dit que cette statue d'argent était grandeur naturelle, tandis que la Vierge Noire est à peine d'un tiers.
La main droite de Notre Dame de Confession n'était pas l'authentique; elle y avait été ajoutée depuis plus d'un demi siècle, tenant soit un bouquet de fleur, soit un sceptre, comme l'ont connue les pèlerins du début de ce siècle.
Le Chanoine Bérenger, dans son ouvrage de 1927, nous donne son témoignage:
"... Le marquis de Jessé croyait que cette main avait été détachée dans les nombreux déménagements que la statue avait eu à subir: et, entre temps, l'imprimerie Décugis, de Marseille, éditait une image de la Vierge Noire avec le bras droit coupé net au poignet.
La main primitive était-elle donc perdue ?
En 1918, à la rue Sainte, je visitais un malade. Demandant de ses nouvelles à une personne de la maison : "Oh ! me répondit-elle, grâce à la main de la Vierge Noire, il va mieux." Mais qui a pu avoir cette main ?
"Une femme bien pieuse qui l'a reçue de sa tante, laquelle l'avait tenue d'un prêtre autrefois attaché à l'église de Saint-Victor, comme auxiliaire."
J'allai trouver cette personne, elle me renseigna à peu près en ces termes: "Ce prêtre avait ramassé la main, alors qu'on trimbalait de tous côtés la statue: il l'avait gardée jusqu'à sa mort et laissée à sa vieille servante. Étant sa nièce, j'ai eu cette précieuse relique, et j'étais heureuse de la faire baiser aux malades".
Après bien des prières, cette brave fille se décida à me rendre son "trésor". Et au jour même de la Purification, je remis à M. Laurin, mon successeur, la main perdue et retrouvée."
Cette main, la main authentique, fut replacée sur la statue de Notre Dame de Confession, en 1968-69 par M. Volume, qui, chaque année, deux jours avant l'octave de la Chandeleur, venait à Saint-Victor, accompagné de son petit-fils, la préparer.
Les deux couronnes et parures sont des dons de pèlerins, depuis les débuts du XIXe. La fleur de lys, symbole trinitaire d'un sceptre offert en 1891, avant la restauration de la main droite, a été transformée en élégant pendentif.
En 1986, après le décès du Père Gonzague Spinoza, Curé de Pont-de-l'Etoile, sa famille nous remit, exposé dans un cadre une robe et un voile ayant appartenu à la statue de Notre Dame de Confession. Le voile est une guipure d'or. Posée à côté des vêtements, cette inscription :
"étant abbé de Saint-Victor (vicaire), en 1940-1944, votre prêtre a reçu ce don de la sacristine, 83 ans, responsable du vestiaire de notre Bonne Mère. Celle-ci l'a hérité de son arrière grand-mère qui, pendant la Révolution de 1789, l'a préservé chez elle. Elle était, chez les moines de Saint-Victor, chargée du vestiaire sacrée".
Notre Dame de Confession, ainsi vêtue,
ne laissait voir que son visage et celui de l'enfant. Le manteau vert actuel,
est bien plus élégant !